Il y a un peu plus de 15 ans, GTA n’était pas encore le rouleau-compresseur qu’il est aujourd’hui. C’était une série notamment appréciée pour son action non-stop —voire même dans certains cas pour son côté immoral—, mais son succès restait modeste. Puis un 26 octobre 2001, en Europe, il y a eu GTA III, un titre qui a révolutionné la série et même le monde du jeu vidéo.
GTA III est d’autant plus impressionnant qu’il a su dès le départ établir la plupart des codes de la série, tout en influençant un nombre incroyable de productions par la suite. Ce troisième épisode majeur nous met ainsi dans la peau d’un voyou, un gangster qui a cette fois-ci la particularité d’être muet. Il exécute chacun des ordres sans la ramener. Il n’a pas de véritable personnalité si ce n’est celle que le joueur est libre de lui inventer. Claude, c’est son nom, est également entouré d’un casting haut en couleur, au langage souvent fleuri; des personnages qui vont le guider et l’accompagner tout au long du jeu à travers les nombreuses cinématiques qui rythment le jeu.
GTA III est un jeu révolutionnaire, mais à l’époque, il ne générait pas de buzz. Du côté du catalogue Rockstar, les journalistes n’avaient d’yeux que pour State Of Emergency, un beat’em all. Sony non plus n’était pas vraiment intéressé par ce GTA. A l’E3 2000, le constructeur japonais multipliait les rencontres avec les éditeurs pour offrir à sa PlayStation 2 des exclusivités, généralement en échange d’une campagne marketing ou l’accès à de nouveaux kits de développement. Au cours d’une réunion avec Rockstar, Sony jeta justement son dévolu sur State Of Emergency. David Reeves, qui menait les négociations pour le constructeur nippon, demanda ensuite à l’éditeur s’il avait un autre jeu à montrer. La réponse fut positive et cet autre jeu était tout simplement GTA 3. Des responsables de Sony observèrent alors ce titre et indiquèrent que ce GTA 3 n’était pas mauvais d’un point de vue technique et qu’il était innovant sans être un monstre pour autant. Un accord fut alors trouvé et, selon les termes employés par David Reeves, il fut « remarquablement peu cher.«
Sans surprise, les polémiques se sont enchaînées à la sortie de GTA 3. La violence du titre a ainsi été plusieurs fois pointée du doigt, au même titre que sa possible glorification du crime. Des accusations balayées par DMA à l’époque, par le biais de Leslie Benzies. « Le but principal n’est pas de tuer le plus de monde possible, car cela dévaloriserait l’expérience de jeu que nous avons créée et insulterait l’intelligence du joueur« , dit ainsi l’ancien Lead Producer sur ce projet, avant de rappeler que le jeu « ne doit pas être pris au sérieux » et que le gameplay se concentre avant tout sur l’élimination « des autres criminels et non des passants innocents.«
GTA 3 est le véritable point de départ de la folie GTA, un jeu qui a modifié le paysage vidéo-ludique et qui a permis à la série de Rockstar de tutoyer les sommets, tant d’un point de vue critique que commercial. Désormais, GTA a dépassé les 230 millions d’unités écoulées. Un résultat atteint grâce au cinquième épisode qui est responsable d’un quart des ventes au total, mais surtout, grâce à cette aventure à Liberty City qui a mis la série sur les bons rails, ceux du succès.