Seuls 15 mois séparent Far Cry 4 de Far Cry Primal. Alors forcément, il règne une certaine forme d’appréhension au moment de lancer ce titre. Celle de se retrouver face à un simple skin préhistorique, un bête recyclage vendu une soixantaine d’euros. Et si au premier coup d’oeil les deux jeux peuvent paraître très proches, en y regardant de plus près, on note des différences marquées. Après tout, c’est logique, les équipes de développement ne sont pas les mêmes et situer un jeu dans le mésolithique implique de prendre toute une série de décisions, même si Ubisoft n’a semble-t-il pas osé aller jusqu’au bout des choses.
Exclusivement solo, Far Cry Primal est pourtant bien différent de ses prédécesseurs et s’appuie pour cela sur son thème préhistorique. Contrairement à un Far Cry 4 où Ajay devenait rapidement une menace mortelle pour tous les sbires de Pagan Min, Takkar, le héros de cette aventure, endosse le rôle de la proie dans ce milieu très hostile. Il est ainsi un peu question de survie lorsqu’on se balade seul dans les vallées verdoyantes d’Oros. Certes, enfoncer la boîte crânienne des membres des autres tribus est une simple formalité dans Far Cry Primal, mais lorsque deux ours se battent, il vaut mieux déguerpir avant qu’ils ne se mettent d’accord sur un repas commun. La faune locale, constituée entre autre de mammouths, tigres à dents de sabre ou d’ancêtres de rhinocéros, est relativement agressive et adopte un comportement plutôt réaliste : les loups se déplacent en petit groupe, les animaux herbivores subissent fréquemment des attaques mortelles, et à la nuit tombée, à la lumière d’un sublime clair de lune, les plus féroces des prédateurs chassent activement. Il est donc nécessaire d’être constamment sur ses gardes, notamment parce que certains animaux sauvages sont très rapides et que l’équipement de Takkar reste assez léger.
Les lieux dont il faut s’emparer sont cependant assez bien gardés et, comme dans les précédents Far Cry, les ennemis sont spécialisés dans différents domaines. De ce fait, certains gardes sont bien entendu chargés de rameuter leurs petits copains en cas d’attaque. Mieux vaut donc au préalable inspecter la zone. Et pour cela, on utilise un. . . hibou. Takkar a en effet la possibilité d’apprivoiser certains animaux et ce fameux hibou permet de repérer de haut chaque adversaire et même parfois de les attaquer mortellement. Le plus intéressant reste de charmer un félin. Ce dernier peut alors se battre à nos côtés, créer des diversions ou tuer silencieusement. Certains offrent même la possibilité de les monter, ce qui est plutôt pratique puisqu’il n’y a pas de jeeps à Oros. Les trajets se font donc en se téléportant —les fameux voyages rapides— mais lorsqu’il s’agit de rejoindre un lieu dans une zone inexplorée, il faut soit marcher sur plusieurs centaines de mètres, soit y aller en étant sur le dos de son compagnon, ce dernier étant généralement véloce.
Et c’est justement ce qui est dommage avec ce jeu. Celui-ci limite sans cesse les prises de risques et reste finalement assez convenu dans son déroulement. S’aventurer dans Far Cry Primal reste une bonne expérience mais la série n’est en aucun cas chamboulé avec cet opus, notamment parce qu’il repose sur des mécanismes déjà vus qui ont ce côté moderne qui nuit à l’immersion. On pense à ce HUD qui, par défaut, affiche pas mal d’informations, cette mini-map située en bas à gauche de l’écran qui attire le regard ou cette vision détective qui est recommandée à de multiples reprises. On est alors très loin d’un Far Cry 2 qui était bourré d’excellentes idées à ce niveau là. Mais Ubisoft avait-il vraiment l’ambition de révolutionner l’une de ses franchises phares? Après tout, opter pour le mésolithique était déjà en soi un choix audacieux. Aller de pair avec un gameplay remanié aurait sans doute été un pari un peu trop périlleux, mais cela lui aurait pourtant parfaitement convenu et permis de gagner en variété et en profondeur. Le résultat reste bon mais un petit goût d’inachevé se dégage de ce titre.
Far Cry Primal est édité et développé par Ubisoft. Jeu sorti le 23 février 2016 sur PlayStation 4 et Xbox One. La version PC sortira le 1er mars. Jeu testé sur PS4. PEGI 18.