On a souvent prédit la mort des consoles. Ce sont les téléphones portables qui devaient être déclarés coupables de ce crime. Finalement, tout laisse à croire que c’est le streaming (Cloud Gaming) qui portera le coup fatal. Mais pas avant un bon petit moment.
Il y a un an, sur Reddit, un internaute demandait à Yves Guillemot ce que serait la prochaine révolution dans le monde du jeu vidéo. Le fondateur et dirigeant d’Ubisoft répondait « le streaming« . Dans une interview donnée à Variety, en marge du dernier E3, Yves Guillemot récidivait en déclarant qu’il y aurait encore une génération de consoles mais qu’après ça, tout le monde utiliserait le streaming pour jouer aux jeux vidéo. En d’autres termes, d’ici 2025, les consoles auront disparu.
Certains ont dégainé trop tôt
Ce n’est pas la première fois que l’on parle du Cloud Gaming ou du streaming. Dans le passé, plusieurs acteurs ont tenté leur chance. On peut citer les deux plus célèbres: OnLive et Gaikai. Aucun des deux n’existe encore, mais leur technologie en revanche subsiste puisque Sony a racheté les brevets du premier cité tandis qu’il a directement fait l’acquisition du second. Pour le plaisir, on évoquera aussi Square-Enix, qui a autrefois tenté sa chance avec CoreOnline, ou bien les fournisseurs d’accès internet français qui, sur leur box, permettent de jouer à une sélection de jeux.
A croire que le constructeur japonais n’a pas compris l’intérêt du Streaming. Le but est d’emmener partout ses jeux. On vit dans un monde ultra-connecté où chaque utilisateur veut retrouver les services qu’il paye sur tous ses écran. Cela n’étonne personne de regarder Netflix sur son téléphone, puis sur une tablette ou encore son téléviseur. Il en va de même pour la musique (Spotify) et, naturellement, le jeu vidéo. Fortnite est disponible sur PC, consoles et mobiles, et on peut à chaque fois importer son profil. L’heure est au « live anywhere » , exactement ce qu’avait prophétisé Bill Gates il y a plusieurs années. L’objectif est de pouvoir jouer n’importe où grâce au Cloud Gaming.
Google surprend, Microsoft contre-attaque
Difficile de dire si cette annonce plus ou moins surprise de Google a forcé Microsoft à accélérer ses plans. Le fait est que le géant américain a officialisé ces dernières heures le Project xCloud. Il s’agit de la future offre Streaming de Microsoft. En 2019, la firme de Redmond lancera une beta afin de tester son service qui permettra de jouer à l’ensemble du catalogue Xbox One, en plus des jeux Xbox 360 et Xbox rétrocompatibles. Que ce soit sur tablette ou sur smartphone, il suffira de brancher une manette Xbox en bluetooth pour jouer à Forza Horizon, Gears Of War etc. Chose intéressante, Microsoft prévoit aussi une interface tactile pour ceux qui n’ont pas de manette sous la main.
Le Streaming ne va pas (encore) remplacer les consoles
Face à ses deux adversaires, Sony va être obligé de réagir; il est fort probable que la riposte soit d’ailleurs déjà prête. Certains éditeurs vont se mêler à la danse. Sur Switch, Capcom et Ubisoft utilisent déjà le Cloud Gaming pour mettre à disposition de la console de Nintendo respectivement Resident Evil 7 et Assassin’s Creed Odyssey. Cela ne se fait qu’au Japon et c’est un excellent moyen pour palier le manque de puissance de la Switch. Puis il y a le cas Electronic Arts qui a, lors de l’E3, confirmé ses grandes ambitions en matière de Cloud Gaming.
Si on résume, on note que Microsoft, Sony, Google et Electronic Arts ont tous des plans en matière de Streaming. Il est plutôt étrange de voir Amazon aussi discret pour le moment. Tous les principaux acteurs du marché semblent en tout cas déterminés à être les leaders du Cloud Gaming. Cette fois-ci, personne ne tente de faire une échappée en solitaire et tous avancent groupés. Mais le gâteau sera-t-il assez grand pour tout le monde? Tout se jouera sur le prix, la fiabilité du service et le catalogue de jeux. Et dans le lot, on oublie Nintendo qui n’aime pas détailler ses plans à l’avance.
Chacun misera sur ses forces: les exclusivités
Cette guerre du contenu sera certainement le nerf de la guerre. Chez Sony, on peut compter sur les studios Naughty Dog (Uncharted, The Last Of Us), Guerrilla Games (Killzone, Horizon), Santa Monica (God Of War) ou encore Sucker Punch (inFamous, Ghost Of Tsushima) pour concevoir de solides exclusivités.
L’une des interrogations reste Google. Ces derniers temps, de nombreuses personnes importantes ont rejoint la société américaine. Parmi elles, Phil Harrison, ancien dirigeant de Sony et de Microsoft, ou Richard Marks, l’ex-directeur de la division Recherche & Développement de PlayStation, à qui on doit l’Eye Toy, le PSMove ou le PSVR. En plus de Project Stream, Google serait décidé à sortir un boîtier, au nom de code Yeti, sans doute pour conquérir les salons des utilisateurs. Quant au catalogue d’exclusivités, il se dit là aussi que Google pourrait faire des acquisitions. Aucun nom n’a pour le moment filtré. On se dit aussi que dans avenir plus ou moins lointain, des alliances pourraient également se nouer. Dans le jeu vidéo, le Streaming est un marché qui attise beaucoup les convoitise. Mais attention, il n’y aura sans doute pas assez de place pour tout le monde.