samedi, mai 3, 2025
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Jouer aux jeux vidéo devient-il un luxe ? Est-ce une passion trop chère ?

Ces derniers jours, Sony et Microsoft ont respectivement augmenté le prix de la PlayStation 5 et de la Xbox Series X|S. Ces consoles sont 10 à 20% plus chères qu’à leur lancement en novembre 2020. Du côté de Nintendo, depuis l’annonce de la Switch 2, beaucoup pointent du doigt son positionnement tarifaire. Cela concerne à la fois le prix de la console —470€— ou de ses jeux —jusqu’à 90€ en physique. Le jeu vidéo devient-il alors moins accessible ?

Près de cinq ans après leur lancement, la PS5 et la Xbox Series X, dans leur version avec lecteur de disques, coûtent désormais 549 et 599€. En novembre 2020, elles affichaient chacune un prix de 499€.

En temps normal, une console voit son prix fondre au fil des années. Mais cette génération est différente. Le contexte économique est différent. L’inflation, le coût des composants, les barrières tarifaires et d’autres éléments font que les constructeurs doivent s’adapter en réhaussant leurs prix. Et le but est naturellement de protéger les marges. Microsoft, Sony et Nintendo sont des entreprises. Elles recherchent chacune la croissance et les profits ; c’est ainsi que notre système économique fonctionne.

Des consoles hors de prix et pourtant, jeu vidéo n’a jamais été aussi accessible

Il faut bien admettre que la la Xbox Series X, la PS5 et la Switch 2 sont chères. Rappelons qu’en France, en 2023, le salaire médian était de 2 090 euros nets par mois, dixit l’INSEE. Cela signifie que pour la moitié des salariés, une console next-gen coûte plus d’un quart de ses revenus mensuels.

Il y a donc un problème au niveau du prix d’entrée : celui-ci est (très) élevé. Cela freine l’adoption de nouvelles machines. Mais une fois ce fameux prix d’entrée passé, force est de constater que l’on peut facilement jouer sans se ruiner.

Le règne des Free-To-Play

Lors de la troisième semaine d’avril, aux Etats-Unis, sur PlayStation, quatre Free-To-Play se plaçaient dans le Top 10 des jeux les plus joués : Warzone (couplé aux jeux COD, certes), Fortnite, Roblox et Marvel Rivals. On vit à une époque où les F2P —des jeux que l’on peut télécharger gratuitement— sont légion et concernent tous les genres. Voici quelques exemples.

  • Tir : FragPunk, Fortnite, COD Warzone, PUBG, Apex, Overwatch, Valorant…
  • Sport : Rocket League, UFL, eFootball, 3on3 FreeStyle..
  • RPG : Wuthering Waves, Throne & Liberty, Genshin Impact, Honkai Star Rail, Zenless Zone Zero…
  • Course : Trackmania, Disney Speedstorm…
  • MOBA : SMITE 2…

Cet article parle essentiellement du jeu sur consoles. Sur smartphone, c’est évidemment différent, comme sur PC. Sur cette dernière plateforme, rappelons que les jeux les plus populaires sont là aussi des free-to-play : Counter Strike, League Of Legends, DOTA…

Bien sûr, un Free-To-Play n’est pas totalement gratuit. Les développeurs ont besoin de se rémunérer et de payer les serveurs. C’est pour cette raison que ces jeux sont bourrés de micro-transactions. Il s’agit bien souvent de skins et tout cela est alors facultatif. Certes, flinguer tout le monde dans Fortnite avec son héros préféré est sympa, mais libre à chacun de voir si le coût est justifié. En revanche, Warzone franchit parfois la ligne rouge avec des packs qui donnent un sérieux avantage aux joueurs.

Les services par abonnement sont rentables

Depuis de longues années maintenant, Microsoft propose le Xbox Game Pass. Sony a suivi avec le PlayStation Plus Extra / Premium. Ces services ont beaucoup évolué avec le temps, et leur prix a augmenté. Ils restent cependant de belles affaires si on joue beaucoup et qu’on accepte l’idée que c’est Microsoft et Sony qui choisissent nos jeux.

A l’année, le Game Pass Ultimate coûte 215,88€ (17,99/mois). C’est grosso modo le prix de deux triple A à 80€, et de deux ou trois jeux indés à une vingtaine d’euros chacun.

Le Game Pass Ultimate mélange à la fois des jeux anciens et de nouvelles sorties. Depuis l’automne dernier, voici quelques-un des titres qui ont été ajoutés : STALKER 2, Call Of Duty Black Ops 6, Clair Obscur Expédition 33, GTA V, Avowed, Oblivion Remastered, Blue Prince, Indiana Jones, Atomfall, South Of Midnight… Et dans quelques jours, DOOM The Dark Ages s’invitera à la fête.

Bien sûr, ces jeux ne plairont pas à tous, mais sur le papier, il s’agit de très bons titres. Et si on additionne le prix de ce petit échantillon, on dépasse largement les 215€.

Du côté du PlayStation Plus, l’abonnement le plus onéreux est à 151,99€ à l’année, soit 12,66€/mois. Le PlayStation Plus Premium donne accès à un large catalogue de jeux mais essentiellement des titres ayant une petite ancienneté. On retrouve parfois des jeux Day 1, à l’image de Blue Prince ou Lost Records, mais pas des AAA façon Indiana Jones ou DOOM.

Même si son catalogue est un peu plus ancien, le PlayStation Plus regorge de très bons titres. Petits exemples : Top Spin 2K25, Hogwarts Legacy, Star Wars Jedi Survivor, GTA V… Les fameuses exclusivités PlayStation sont également de la partie : Ghost Of Tsushima, God Of War, The Last Of Us, Uncharted, Spider-Man… Et avec l’offre Premium, quelques vieux jeux PS1 et PS2 font parfois leur retour comme Ape Escape, Syphon Filter ou Sly Raccoon…

Là encore, si vous n’avez jamais fait ces jeux, le rapport qualité/prix est excellent.

La patience est mère de toutes les vertus

Pour terminer, on pourrait rappeler qu’il y a 20 petites années, on a vécu l’essor des mondes ouverts et des jeux en ligne. En d’autres termes, la durée de vie de nos jeux a explosé avec le temps.

Par plaisir, comparons les oeuvres d’Hideo Kojima. Le premier Metal Gear Solid (1999) se termine en moyenne en 11h. MGS V The Phantom Pain (2015) demande 45h, soit 4 fois plus.

En 2001, Hideo Kojima et Konami sortent Zone Of The Enders. Celui-ci dure 5h. En 2019, Hideo Kojima et Sony sortent Death Stranding. Celui-ci dure 40h. C’est huit fois plus. Alors, certes, le prix des jeux vidéo a augmenté mais on ne les paye pas pour autant 4 ou 8 fois plus cher.

De toutes manières, rien ne nous oblige à acheter les jeux dès leur sortie. Attendre est même mieux. Si on met de côté les jeux Nintendo —le Japonais estime qu’il propose des expériences premiums et que le prix doit le refléter—, tous les éditeurs soldent leurs titres à un moment ou à un autre.

Là encore, prenons quelques exemples. L’excellent mais exigeant Ghost Runner 2 est sorti en 2023 contre 40€. Depuis la fin d’année 2024, il est fréquemment soldé à 10€. Like A Dragon: Pirate Yakuza In Hawaii a quant à lui 3 mois. Il est sorti en février 2025 à 60€. Il est actuellement proposé à 48€ ce qui représente une économie de 20%. Enfin, Star Wars Outlaws a débarqué le 30 août 2024 au prix de 80€. Depuis ce printemps, on le retrouve souvent à 40€.

Il ne vous aura pas non plus échappé que les jeux sont de plus en plus complexes. Et de ce fait, les mises à jour et autres patchs sont omniprésents. Au lancement, il y a des bugs, et ceux-ci sont corrigés avec le temps. Plus on attend, plus on joue dans de meilleures conditions. Une chose m’a ainsi frappé ces dernières heures. Ubisoft a annoncé du nouveau contenu pour Assassin’s Creed Shadows sorti il y a quelques semaines. Le plus intéressant est que l’éditeur français entend également améliorer le gameplay de son jeu en affinant davantage le parkour.

La patience est alors récompensée. Il faut certes se battre avec le FOMO mais au final, on joue dans de meilleures conditions tout en dépensant moins.

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